Je suis tombé dans le bain d’hydroquinone la première fois que j’y ai vu une photo apparaître, il y a 50 ans et depuis, j’y suis resté, continuant amoureusement et fidèlement à pratiquer la magie de l’argentique sans être séduit, malgré tous leurs attraits, par les sirènes du numérique.

Très vite, je me suis lassé de mes expériences d’effets spéciaux dont j’étais pourtant très fier.

Par contre, j’avais pris l’habitude, quand l’occasion se présentait, d’aller voir un potier travaillant encore à l’ancienne et c’est ainsi que petit à petit, j’ai réalisé ce qui allait devenir mon 1° reportage. A cette époque, je ne me posait pas de question sur une quelconque démarche photographique.

C’est en tombant par hasard sur des livres de photos de Pierre Le Gall, prix Niepce en 1972, que j’ai découvert tout l’intérêt du quotidien des gens ordinaires : j’ai pris conscience que c’était ça que je voulais faire.

En même temps, je découvrais l’existence des Doisneau, Ronis et surtout Cartier-Bresson : le sens du cadrage, les compositions géométriques et le moment bref de l’instant décisif, là où tout se met en place. La prise de vue est capitale, le labo n’est qu’à son service. J’avais trouvé comment faire « ma » photographie. Le pourquoi est arrivé un peu plus tard quand j’ai compris que je ne devais photographier que ce qui me touchait ou ce qui me révoltait dans notre société. C’est pourquoi j’ai beaucoup photographié l’humain dans son rapport avec la consommation, je dirais même la surconsommation.

Je compte utiliser les quelques belles années qui me restent pour m’orienter sur les conséquences inévitables et dramatiques tant du point de vue écologique que sociétal d’un tel modèle de vie. Ce n’est d’ailleurs pas par hasard ni la première fois qu’une crise sanitaire mondiale se produit à l’heure où j’écris. La solution consisterait à ce que nous décidions collectivement d’Etre plutôt que d’Avoir…

R.Guitteny, amateur amoureux

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